Réhabiliter l’écoute véritable.

Nous consacrons des années à l’apprentissage de la lecture et de l’écriture, et il nous faut des années pour apprendre à parler. Mais avons-nous vraiment appris à écouter

Écouter l’autre peut paraître facile, voire anodin, mais la véritable écoute, celle qui aide à résoudre des problèmes, celle qui permet d’assurer la compréhension et celle qui apaise : on le fait peut être rarement au quotidien.

Pourtant la véritable écoute c’est l’une des compétences les plus importantes qu’on puisse avoir et développer dans nos vies. Car la qualité d’écoute a un impact direct et majeur sur le bien-être. Mais également un impact dans notre efficacité au travail et dans toutes nos relations.

L’écoute active.

Une discipline conceptualisée par Carl Roger – psychologue humaniste américain -. Il y trouve de nombreuses applications dans la psychothérapie, la relation d’aide et même la médiation et l’éducation.

L’écoute active induit une concentration, de l’observation, être dans l’ici et maintenant. C’est être là pour prendre en compte l’autre dans toute sa dimension physique et émotionnelle, et non pas pour répondre. 

L’écoute active va à l’encontre de notre écoute classique, car notre reflexe naturel n’est pas de nous taire, mais de répondre. D’intervenir avec le prisme de notre grille de lecture ou notre carte du monde. 

Ecouter activement c’est suspendre en quelque sorte l’emballement naturel de nos jugements, de nos croyances et  de nos interprétations. Cela demande donc  un véritable effort conscient, pour faire taire son propre discours. Il faut vraiment se faire violence pour ne pas intervenir tout de suite dans la discussion ou interpréter, ou encore prodiguer des conseils ou solutions (surtout si l’autre ne les a pas sollicités…).

Nos habitudes de communication au quotidien.

Thomas gordon, Docteur en Psychologie, a listé ce qu’on appelle les “obstacles à une bonne communication” .Ce sont des réflexes, des réponses parfois stéréotypées, des façons d’intervenir quand quelqu’un tente de nous parler d’une émotion ou d’un problème. Quelques exemples : 

  • Quand on répond à un problème en donnant des ordres :  » ne fais surtout pas ça ». « Rattrappe-toi, tu vas le regretter ».
  • Quand on moralise, prêche ou fais la leçon : « il faut faire confiance à la vie ». « Tu ne devrais pas te faire de soucis pour rien ». « On a toujours fait de cette manière et ça a toujours fonctionné ».
  • Dire à l’autre comment résoudre son problème : « moi à ta place, j’attendrais que ça passe ». »Tu devrais faire profil bas ». « Garde le secret pour éviter de faire des dégâts ».
  •  Juger, critiquer, porter une évaluation négative sur l’autre : »tu as tort de penser comme cela ». « Tu as déconné de faire ça ». « Se taire, c’est être lâche ».
  • Interpréter voire communiquer un diagnostic : »tu dis ça mais au fond de toi tu ‘y crois pas. « Elle t’a complètement influencé tu n’as plus toute ta tête ». « Tu agis comme 99% de la population, tu n’es pas un cas isolé ». 
  • Minimiser, éloigner l’autre du problème : « c’est rien, y’a pire dans la vie ». « Tout le monde passe par des hauts et des bas ». « Il n’y a pas mort d’homme »…

Ecouter activement, ça ne veut pas dire rester muet comme une carpe. Cela implique en revanche un sérieux un réajustement de ses réflexes et comportement d’écoute.

Ce que l’on peut ajuster petit à petit.

La première étape pour mieux écouter est vraiment d’apprendre dans toutes ses relations, à donner toujours plus d’espace à l’autre

1/ Au préalable de toute conversation courte ou longue, importante ou pas : prendre le temps et éteindre le mode multitâches. Se consacrer pleinement à ce que l’autre a à nous dire.

2/ S’efforcer d’accepter de plus en plus les silences qui permettent à l’autre de réfléchir, d’ajuster sa pensée. 

3/ Essayer d’écouter sans juger l’autre personne ni critiquer mentalement. Calmer le flot de ses pensées et tâcher de ne pas faire de conclusions hâtives.

4/ Poser des questions pour être sur de bien comprendre les mots et la sémantique de l’autre. (Nous n’employons pas les même mots pour décrire les même choses. Et donnons à certains mots des significations différentes).

Parler moins et écouter davantage.

Ce sont effectivement, des efforts, du self control, mais je pense sincèrement que cela peut être à la portée de tout le monde. 

Dans une société où on est davantage intéressé par ce que publient nos amis sur les réseaux sociaux. Et peut-être moins intéressé par le fait de les voir en personne pour écouter ce qu’ils peuvent avoir à nous raconter… et bien je pense que cette compétence est clé. Voire complètement indispensable à développer. 

Et tu constateras que par mimétisme, certains de tes proches te retournerons ce comportement d’écoute. J’ai constaté que c’est une pratique qui peut rapidement être contagieuse.